Tess D’Urberville de Thomas Hardy

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C’est un soir de la fin mai que le destin de la famille de John Dubeyfield bascula. Le pasteur Tringham lui apprit qu’il était le descendant en ligne directe de la famille D’Urberville dont l’un des ancêtres fut chevalier auprès de Guillaume le Conquérant. Voilà de quoi faire la fierté de John Dubeyfield, très modeste homme de la campagne qui vivote pour faire vivre sa famille. La femme de John voit dans cette annonce l’opportunité de faire fortune. Près de leur village de Marlott dans le Wessex, vit une riche dame du nom D’Urberville. Elle imagine donc d’y envoyer sa fille aînée, Tess, pour faire valoir leurs droits auprès de leur parente et elle espère ainsi voir sa fille épouser un noble. Culpabilisant face à la pauvreté de ses parents et au sort réservé à ses frères et sœurs, Tess accepte de rencontrer la dame en question. En arrivant à la propriété des D’Urberville, la belle et fraîche jeune femme croise la route du fils de la maison, Alec. Ce dandy oisif tombe immédiatement sous le charme de Tess et décide de tout faire pour la séduire. Le destin de jeune femme bascule dès lors vers le drame et la déchéance.

Voilà bien longtemps que je me promettais de lire ce grand roman de Thomas Hardy. Connaître la destinée de Tess ne gêne en rien la lecture, cela permet de voir certains signes avant coureurs placés par l’auteur ou de comprendre que le sort de Tess est réglé en cinquante pages. Le reste du roman découle de ces premières pages et rien ne semble pouvoir arrêter sa terrible fin. C’est d’ailleurs bien la thématique du roman : Tess et la fatalité attachée à son nom. La découverte de la haute ascendance de la famille Dubeyfield est le point de départ de la tragique destinée de l’héroïne. Tess ne peut en aucun cas échapper à son nom. Il l’entraîne vers Alec D’Urberville, il éloigne d’Angel, jeune homme dont elle tombera amoureuse, qui ne peut supporter la décadence de cette grande famille anglaise.

Le roman est à la fois très classique et très moderne dans sa construction. C’est un livre typiquement victorien. Il a été publié en feuilleton à partir de 1891 et cela transparaît dans les nombreux rebondissements de l’intrigue (peut-être trop nombreux pour certains lecteurs mais je les trouve pour ma part cohérents). Mais le récit des malheurs de Tess se fait également très moderne car l’auteur utilise des ellipses dans tous les moments importants (attention spoilers dans la suite de cette phrase !) : la perte de la virginité de Tess, sa confession à Angel, le meurtre d’Alec et la mort de Tess. Hardy extrait son roman des descriptions détaillées du roman victorien et laisse l’imagination de son lecteur combler les vides.

Avant-dernier roman du Wessex, « Tess D’Urberville » est un des œuvres majeures de Thomas Hardy et de la littérature anglaise. Fataliste, pessimiste, critiquant la morale de l’époque (un peu trop longuement parfois), le roman est le récit implacable et déchirant du destin d’une jeune femme pure et innocente.

10 réflexions sur “Tess D’Urberville de Thomas Hardy

  1. De Thomas Hardy, j’ai beaucoup aimé l’adaptation « Loin de la foule déchaînée » en film ! merveilleux. J’en ai un autre pour le mois de juin, « le maire de Casterbridge » ! « Tess » me rappelle un film aussi mais vu en diagonale il y a longtemps…

    • Mais il faut lire aussi « Loin de la foule déchainée », il est merveilleux !!! J’avais aussi beaucoup aimé « Le maire de Casterbridge ».

  2. Pingback: Les adaptations de Tess d’Urberville | Plaisirs à cultiver

  3. Article intéressant ! Pour ma part, même si j’avais lu quasi d’une traite ce roman (en partie grâce aux multiples rebondissements qui rythment le récit), j’avais détesté ce fatalisme de Tess, qui subit de bout en bout, qui m’a rappelé entre autre »le petit Chose » de Daudet…

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