Bilan livresque et cinéma de janvier

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Le bilan de ce premier mois de l’année est positif : six romans, une pièce de théâtre et trois BD. J’espère lire autant durant le reste de l’année !

Le premier roman de l’année est un livre vers lequel je ne serais pas allée spontanément mais que je ne regrette pas de l’avoir découvert tant son propos était fort : « Vigile » de Hyam Zaytoum. J’ai ensuite commencé à lire les réécritures des pièces de Shakespeare traduites en français avec « Vinegar girl » de Ann Tyler et je viens d’achever « Le nouveau » de Tracy Chevalier dont je vous reparle très vite. Ce projet de réécriture ne pouvait que m’enchanter et mes deux premières lectures m’ont totalement convaincue. Je l’ai été aussi par l’étonnant roman de Heather O’Neill, « Les enfants de cœur », qui mélange la candeur et le crudité pour nous conter l’histoire d’amour fantasque de Rose et Pierrot. En revanche, j’ai été un peu déçue par la lecture de « Franny et Zooey » de J.D. Salinger qui m’a semblé un peu vain et trop bavard. Côté roman, je termine le mois avec « Le verger de marbre » qui fait partie de la sélection du Prix du polar SNCF.

Trois bande-dessinées à mon comptoir et déjà un grand coup de cœur : « La partition de Flintham » de Barbara Baldi que j’ai trouvé aussi splendide sur le fond comme sur la forme. Je vous conseille également la lecture de « La bobine d’Alfred » de Malika Ferdjoukh et Nicolas Pitz qui est aussi délicieuse que le roman dont il est l’adaptation.

Passons au cinéma !

Mes coups de cœur du mois :

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Le commissaire Beffrois arrive très bientôt à la retraite. Sa carrière ne fut pas aussi brillante qu’elle aurait pu l’être. Il est veuf, ses fils ont quitté la maison. Il semble naviguer entre l’ennui et la désinvolture. Mais un vol de tableau va le réveiller et son envie d’enquêter va renaître. D’autant plus que le voleur est extrêmement malin : il ne vole que quelques œuvres par an et elles ne sont jamais d’artistes majeures. De quoi le faire passer sous les radars de la police et des assurances. Mais Beffrois veut terminer sa carrière en beauté et veut arrêter ce voleur qui n’agit qu’en passant par les toits parisiens.

« Un beau voyou » est un premier long métrage et c’est une comédie délicieuse et malicieuse. Les personnages sont atypiques : Beffrois a tout du perdant sympathique, c’est un flic doué mais qui passe toujours à côté de sa chance ; le voleur est un jeune homme au regard doux voulant échapper à son milieu petit-bourgeois ; sa petite-amie est une restauratrice de tableau fantasque. Le trio de comédiens, Charles Berling, Swann Arlaud et Jennifer Decker, s’accordent à merveille et prennent un grand plaisir aux dialogues ciselés et piquants. C’est vraiment une très jolie surprise que cette comédie au ton frais et espiègle.

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L’envol est un centre d’accueil de jour pour les femmes sans-abris dans le Nord. Elles y trouvent un café, une douche et du réconfort de la part d’Audrey, Manu, Hélène et les autres bénévoles. Malheureusement, la municipalité constate  que seulement 4% des femmes accueillies dans le centre réussissaient à se réinsérer. Les travailleurs sociaux les chouchoutent trop, les maternent trop pour les pousser vers la réinsertion. La municipalité veut donc fermer le centre. Audrey et Manu vont pourtant continuer à aider les femmes mais de manière clandestine.

« Les invisibles » est un film qui évoque le cinéma de Ken Loach quand ce dernier montrait la dure réalité sociale sous l’angle de la comédie. Ici la rébellion se fait avec bonne humeur et celle-ci commence avec les pseudos choisis par les femmes sans-abris : Brigitte Macron, Lady Di, Beyoncé, Dalida, Edith Piaf, etc… Ces femmes apparaissent à l’écran pour la première fois en tant qu’actrice et elles viennent elles-mêmes de la rue. Les vies que l’on découvre sur grand écran sont les leurs. Leurs prestations sonnent parfaitement justes et on admire leur force de caractère. Elles sont bien entourées avec Audrey Lamy, Corinne Masiero, Noémie Lvovsky et Déborah Lukumuena, ces quatre-là sont formidables et leurs personnages sont attachants. Derrière la comédie, Louis-Julien Petit nous fait parfaitement comprendre la dureté de la vie dans la rue, accrue par le fait qu’il s’agit ici de femmes (refus d’aller dans des structures mixtes, viols dans les rues, etc…). Une scène d’expulsion au petit matin par la municipalité de nos sans-abris est particulièrement glaçante.

« Les invisibles » est une comédie sociale réussie qui n’oublie pas de montrer la dureté de la vie pour les femmes qui se retrouvent à la rue.

Et sinon :

  • « L’homme fidèle » de Louis Garrel : Abel et Marianne habitent ensemble depuis plusieurs années. Un matin, Marianne annonce à son compagnon qu’elle est enceinte, malheureusement pas de lui mais de son ami Paul. Elle demande à Abel de bien vouloir quitter l’appartement puisqu’elle a décidé d’épouser Pal. Abel et Marianne se retrouvent dix ans plus tard à l’occasion de l’enterrement de Paul. Abel tente alors de regagner le cœur de Marianne. Le deuxième film de Louis Garrel se tourne vers la Nouvelle Vague et donc de sa filiation paternelle. Le duo amoureux devient trio avec Eve, la sœur de Paul. Le film a la spontanéité de la Nouvelle Vague et regarde l’intimité du couple. Mais Louis Garrel aborde ces thèmes avec beaucoup d’humour, de cocasserie. Il y met également un peu suspens par le biais du fils de Marianne qui explique à Abel que sa mère a tué son père en l’empoisonnant. Ses déclarations sont assez troublantes pour inquiéter Abel et lui faire regarder sa belle différemment. Louis Garrel s’amuse avec le cinéma, mélange les genres et nous enchante.

 

  • « L’heure de la sortie » de Sébastien Marnier : Une classe d’élèves surdoués voit son prof principal se défenestrer pendant un cours. Rapidement, un prof remplaçant vient combler le vide. Ses nouveaux élèves lui font tout de suite sentir leur supériorité intellectuelle par des sarcasmes, des piques. Leur comportement intrigue leur prof qui se met à les observer, à les épier en dehors de la classe. Le nouveau film de Sébastien Marnier est vraiment très original dans le paysage du cinéma français. Ce groupe de jeunes enfants froids et cruels évoque bien entendu « Le village des damnés ». L’ambiance est trouble, le prof ressent de la fascination pour ses élèves mais également une forte répulsion. Cette ambiguïté nous intrigue comme les activités indéchiffrables (et souvent violentes) des adolescents. J’ai également pensé à « Lemming » de Dominik Moll pour l’atmosphère singulière et certains passages d’une grande étrangeté (les cerfs qui se promènent dans une ville vidée de ses habitants). La musique est également pour beaucoup dans la création de cette atmosphère, les notes sont le plus souvent stridentes. La fin, très actuelle, est glaçante et réussie. Laurent Lafitte, dans le rôle du prof remplaçant, démontre une nouvelle fois sa maîtrise et son talent.

 

  • « Edmond » d’Alexis Michalik : Edmond Rostand ne connaît pas le succès malgré le soutien de son interprète favorite Sarah Bernard. Feydeau et Courteline se gaussent de cet homme qui n’écrit qu’en vers. En désespoir de cause, Rostand propose une pièce au grand Constant Coquelin. Une comédie dont il n’a pas écrit une ligne. C’est un quitte ou double mais il n’a pas le choix, il faut qu’il réussisse à faire vivre sa famille. Il improvise devant Coquelin, sa pièce aura comme sujet Cyrano de Bergerac. La pièce d’Alexis Michalik était déjà réjouissante et son film l’est tout autant. C’est drôle, les personnages virevoltent, les dialogues sont vifs et rythmés. L’histoire de l’écriture de Cyrano est tellement improbable qu’elle se prête parfaitement à la comédie et Alexis Michalik rend un hommage enlevé à son auteur. La troupe d’acteurs semble se régaler et ils sont tous parfaits. Le duo Thomas Solivérès/Olivier Gourmet est réjouissant. Alexis Michalik réussit le passage de la scène à l’écran et l’on prend à nouveau un grand plaisir à regarder cette histoire.

4 réflexions sur “Bilan livresque et cinéma de janvier

  1. Edmond me tente beaucoup, coup de coeur aussi pour Les invisibles qui m’a fait rire et pleurer…joli bilan de lecture, j’ai noté les BD. 🙂

    • « Edmond » existe aussi en BD et apparemment elle est très bien. « Les invisibles » est vraiment un joli film humaniste, drôle et réaliste.

  2. Un très beau bilan Titine! Des tentations : Franny et Zooey (dans ma PAL) et l’adaptation BD de La bobine d’Alfred.
    Il faut absolument que je vois Edmond. On me le conseille depuis sa sortie…
    Très bon mois de février!

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