Les sables de l’Amargosa de Claire Vaye Watkins

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« Une sécheresse interrompue, sourde à la prière, grâce à quoi les rivières, les lacs, les réservoirs et les nappes aquifères se vidaient, les cultures et les élevages succombaient, la végétation dépérissait, ne laissant derrière elle que des ravines sèches couvertes de résidus alcalins. » Les habitants de la Californie désertent peu à peu la région. Une immense dune de sable mobile avance inexorablement et assèche tout sur son passage. Le fleuve Colorado disparaît. Pourtant, quelques intrépides restent dans l’Etat. C’est le cas de Luz, ancien mannequin, et de Ray, un ancien militaire. Ils habitent une maison abandonnée par une starlette à Los Angeles. Lors d’un ravitaillement dans les anciennes canalisations de la ville, Luz se prend d’affection pour une enfant livrée à elle-même. Elle arrive à convaincre Ray de prendre l’enfant avec eux. Le couple prend alors la décision de quitter la Californie pour un état plus sûr. Mais les frontières sont protégées et surveillés. Ray avoue à Luz qu’il a déserté l’armée et qu’ils vont devoir emprunté des chemins de traverse pour rejoindre l’Est des Etats-Unis.

« Les sables de l’Armagosa » est le premier roman de Claire Vaye Watkins et il m’a beaucoup fait penser à « Sur la route » de Cormac McCarthy. Le contexte reste vague, on ne sait pas vraiment à quelle époque se déroule l’histoire ni comment la catastrophe a débuté. Quelques êtres résistent comme ils peuvent à la chaleur étouffante et à l’invasion du sable qui se glisse même dans les draps du lit. Claire Vaye Watkins a un don pour décrire la nature et rend parfaitement compte de la situation climatique. Son écriture sait décrire l’oppression de la chaleur, la soif, la domination de la dune dans le paysage, le désespoir qu’engendre la situation.

« Les sables de l’Armagosa » n’est pourtant pas un roman écologiste puisque l’origine de la sécheresse n’est pas explicitée (même si bien entendu, la situation du roman semble découler naturellement de ce que nous vivons actuellement). Claire Vaye Watkins aborde d’autres thèmes comme celui de la secte, de la crédulité, des complotistes mais également de la construction de la famille. Les différentes thématiques s’imbriquent autour de la personnalité de Luz. Enfant sacrifiée sur l’autel de la communication, Luz a quelques difficultés dans son rapport aux autres. Sa construction personnelle chaotique la pousse à chercher une figure tutélaire, une personne sur laquelle s’appuyer et se relâcher totalement. Luz se laisse donc facilement manipuler. Claire Vaye Watkins crée avec Luz, un personnage d’une grande complexité, aussi attachante que détestable.

« Les sables de l’Armagosa » est une dystopie singulière, qui parle autant du climat que du parcours chaotique de Luz, son personnage central. L’écriture fortement évocatrice de Claire Vaye Watkins m’a séduite même si le roman comporte des maladresses. Je suivrai cette jeune auteure avec grand intérêt.

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12 réflexions sur “Les sables de l’Amargosa de Claire Vaye Watkins

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  2. J’avais été séduite aussi, par la voix particulière de l’auteur. C’est vrai qu’on a parfois l’impression que ça part dans tous les sens, et puis on se rend compte en réalité qu’elle maîtrise parfaitement son récit..

    • Oui, je suis totalement d’accord avec toi. J’ai eu l’occasion de l’écouter lors du festival America et j’ai senti la même maitrise dans ses propos.

  3. Je dois le lire, mais je ne savais pas (plus ?) que c’était une dystopie post-apocalypse ! Bah, ce n’est pas ça qui m’empêchera de le lire, juste mon emploi du temps (sur)chargé 😆

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