Le poids de la neige de Christian Guay-Poliquin

Deux hommes sont condamnés à vivre ensemble tant que l’hiver durera. Le premier, le narrateur, est revenu dans son village où son père, mécanicien, est en train de mourir. Victime d’un accident, il n’arrivera pas à temps pour revoir son père vivant. Ne pouvant plus se déplacer en raison de ses blessures, il est confié à un vieil homme, Matthias, depuis peu au village. Contrairement au narrateur, il n’est pas d’ici, il a été piégé par le mauvais temps. Il accepte de soigner le jeune homme contre une place dans le premier convoi qui rentrera en ville. Sa femme, malade, l’attend là-bas. Mais la neige n’a pas fini de tomber, empêchant petit à petit toute communication, tout voyage vers l’extérieur. Le village, loin de tout, est privé d’électricité. Comment survivre dans une nature si hostile ?

« La neige et le vent ont cessé subitement ce matin. Comme une bête qui, sans raison apparente, abandonne une proie pour en chasser une autre. Le silence nous a surpris, dense et pesant, alors que nous avions encore l’impression que les rafales allaient arracher le toit et que nous serions aspirés dans le vide. Quand on regarde par la fenêtre, on dirait qu’on est en pleine mer. Partout, le vent a soulevé d’immenses lames de neige qui se sont figées au moment même où elles allaient déferler sur nous. » 

L’ambiance du roman de Christian Guay-Poliquin est apocalyptique. On ne sait pas à quelle époque il se déroule. Il nous parle de « grandes guerres » qui restent indéterminées et cette atmosphère de survie en milieu hostile m’a fait penser à « La route » de Cormac McCarthy. Christian Guay-Poliquin réussit à créer, avec une économie de mots, une tension sourde. Une menace indéfinie grandit au-dessus des deux hommes qui vivent presque en huis-clos. Le village se vide petit à petit de ses habitants, la nourriture se fait de plus en plus rare. Chacun est de plus en plus sur les nerfs.

Les paysages semblent maléfiques et à l’origine de la menace même. La neige, qui devient inquiétante, rythme les chapitres et la vie des deux hommes qui se trouvent de plus en plus seuls au fil des pages et de plus en plus hostiles l’un envers l’autre.

« Le poids de la neige » est un roman remarquable, à l’atmosphère mystérieuse et inquiétante. Christian Guay-Poliquin sait subtilement créer la tension, l’angoisse dans un huis-clos presque muet entre deux inconnus piégés par la neige. Roman d’anticipation, de survie face à une menace climatique, « Le poids de la neige » se dévore.

america

17 réflexions sur “Le poids de la neige de Christian Guay-Poliquin

  1. et bin tu es la 2eme a en parler en bien de ce livre..oui le quebec et ses tempetes, tout un livre…et cela donne envie…;)

  2. la voilà notre presque LC 😀 vraiment déroutant ce livre! même si j’ai quelques petits bémols, le roman sort de l’ordinaire !

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  4. Marilyne (Lire et Merveilles) et Karine (Mon Coin lecture) ont également été séduites par ce roman. A vous 3, je pense que vous avez réussi à mon convaincre de ne pas passer à côté !

    • A savoir, le premier livre de Christian Guay-Poliquin parle du même personnage principal qui se met en route pour aller voir son père dans son village natal.

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