Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson

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« La dernière caisse est une caisse de livres. Si on me demande pourquoi je suis venu m’enfermer ici, je répondrai que j’avais de la lecture en retard. » C’est l’une des nombreuses raisons qui ont poussé Sylvain Tesson dans une cabane au bord du lac Baïkal où il resta durant six mois. « Dans les forêts de Sibérie » est le journal de ce voyage immobile. Lassé du bruit du monde, des mondanités et des courses à faire, Sylvain Tesson cherche la solitude, le silence pour reconquérir le temps qui passe. « Pour parvenir au sentiment de liberté intérieure, il faut de l’espace à profusion et de la solitude. Il faut ajouter la maîtrise du temps, le silence total, l’âpreté de la vie et le côtoiement de la splendeur géographique. L’équation de ces conquêtes mène en cabane. »

Après avoir beaucoup voyagé, Sylvain Tesson veut trouver la sérénité dans une vie sobre qui se concentre sur des gestes simples : pêcher, se balader autour du lac, lire, boire de la vodka, observer la nature et ses habitants. Parfois, Sylvain Tesson part à la rencontre de ses lointains voisins pour ne pas se couper totalement de la compagnie des hommes. L’auteur décrit avec acuité les mouvements de la nature, les effets de l’hiver. Il n’en oublie pas la nature humaine, l’absurdité de nos vies contemporaines qui nous entrainent dans un rythme effréné et débilitant.

Le choix de Sylvain Tesson ne peut être appliqué à chacun, il n’y a d’ailleurs aucune volonté d’exemplarité dans son récit. Il n’est jamais moralisateur, le repli loin du monde est sa solution personnelle pour dompter le passage du temps et reprendre possession de ses pensées. La contemplation lui permet de se retrouver, l’âpreté de la vie en Sibérie le dépouille de ses oripeaux d’homme occidental moderne. La lecture de ce journal apaise, ces méditations sur notre temps apporte du recul et donne à réfléchir.

« Dans les forêts de Sibérie » est le récit limpide d’un retrait du monde, d’une parenthèse pour arrêter le temps et s’offrir une méditation sur la société dans laquelle nous évoluons. Un livre nécessaire, intelligent à la plume brillante. Et « tant qu’il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu.« 

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30 réflexions sur “Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson

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    • j’ai lu sur ton billet que tu l’avais écouté et j’avoue que j’avais tenté vainement la même expérience. Je n’avais pas réussi à me concentrer sur cette lecture audio. J’ai bien fait de retenter avec le livre !

  2. Tu es plus enthousiaste que moi. Il y a de belles choses dans le journal , tu as raison, mais on y trouve aussi des passages plus plats et convenues. Personnellement, je ne vois pas quand on est ivre mort la plupart du temps après avoir ingurgité des litres de vodka (leit-motiv répétitif !), comment il peut prétendre avoir une vie contemplative, sereine, saine et simple ! A mon avis, sa retraite est une fuite contre ses propres « démons », c’est ce qu’il finit par avouer de lui-même. Et là, disant cela, il me plaît plus que quand il tient la pose façon ermite contemplatif ! Finalement les avis sont partagés !

    • Je comprends ton avis. Effectivement, il y a un côté fuite dans cette vie en ermite, ne serait-ce que de la société contemporaine. C’est surtout une manière de se recentrer sur des choses essentielles, remettre en perspective ce que sont nos vies. C’est ainsi que j’ai vécu ce roman.

  3. J’ai aimé cet univers, cette expérience et les rencontres que nous faisons dans ces contrées désertiques… mais j’ai trouvé quelques longueurs et trop d’alcool. Un récit intéressant.

    • Le rythme du récit est très lent et c’est vrai qu’il y a peu d’action et que ses tâches sont répétitives. Mais j’ai beaucoup apprécié ses réflexions et les raisons pour lesquelles il a choisi de se retirer du monde quelques temps.

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    • C’est rare que nous ayons des avis aussi différents. Je trouve que Sylvain Tesson ne se positionne pas en exemple, il ne nous ordonne pas à tous de nous enfermer dans une cabane. C’est sa solution personnelle qui n’est évidemment pas applicable à tous.

  5. J’ai commencé à le lire. Le livre est dans un état aussi méditatif que l’auteur en ce moment. Je n’ai pas renoncé. C’est un journal d’une vie d’un retour aux fondamentaux dans la nature, dont j’ai déjà vu pas mal de documentaires de personnes ayant pris cette direction. Ici il est seul. Tout à fait seul et observe. S’observe. Il a des voisins assez éloignés et se revoir et c’est la fête 🙂 L’entraide est au rendez-vous dans des conditions extrêmes. Bonne fin de journée.

  6. J’ai beaucoup aimé également. Parfois je me dis que j’aimerais bien avoir une cabane juste au fond de mon jardin, près de la rivière, pour pouvoir m’isoler et lire tranquillement…

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