Gladys Eysenbach est dans le box des accusés. C’est encore une belle femme malgré son âge. Elle accuse néanmoins la fatigue du procès et des témoignages qui se succèdent. Gladys est jugée pour le meurtre d’un jeune homme de 20 ans, Bernard Martin, probablement son nouvel amant. La vie de Gladys est exposée aux yeux de tous durant le procès : sa richesse, son oisiveté, ses voyages, sa liberté, ses nombreux amants. Elle aimerait que le procès s’arrête, que personne n’entende les témoins. Elle a reconnu le meurtre, cela ne suffit-il pas ? « Je mérite la mort et le malheur, mais pourquoi cet étalage de honte ? »
Dans la première partie du roman, Irène Nemirovsky nous présente une femme accablée par ce qu’elle a fait, ravagée par la douleur et les larmes. Gladys fait peine à voir. La deuxième partie revient sur sa vie, de l’âge de 18 ans au meurtre de Bernard Martin. Et c’est une toute autre femme que l’on découvre. Gladys est terriblement belle et elle en a pleinement conscience. A 18 ans, elle se rend compte que son physique parfait lui donne le pouvoir sur tous les hommes. Aucun ne peut lui résister. Sa vie ne tourne plus alors qu’autour de son pouvoir de séduction et du désir des hommes. « L’amour, le désir d’un homme, ces mains tremblantes, ce zèle à la servir, ces regards amoureux, jaloux, de cela elle ne se lasserait jamais. »
Mais le temps passe et fane la beauté. Gladys devient obsédée par son apparence et son âge. Elle est égoïste, capricieuse et affreusement orgueilleuse. Elle est prête à tout pour cacher son âge : falsifier ses papiers d’identité comme gâcher le bonheur de sa fille. La compassion que nous pouvions ressentir pendant le procès s’évanouit au fur et à mesure que nous découvrons la véritable Gladys Eysenbach. C’est un personnage à la Dorian Gray, elle est prête aux pires horreurs pour conserver son infinie beauté. Comme le personnage d’Oscar Wilde, elle s’avère hideuse à l’intérieur. Le portrait que dresse ici Irène Nemirovsky est accablant pour Gladys. D’une grande finesse psychologique, il est également d’une grande cruauté.
« Jézabel » est un court mais dense roman qui présente un personnage de femme vénéneuse et particulièrement odieuse.
Oh j’aime ! Je note, merci pour cette découverte et ce personnage de femme un brin terrifiant 😉
Je suis contente de te faire découvrir ce roman Framboise !
J’ai beaucoup aimé ce roman. J’ai entendu une émission sur Irène Nemirovsky sur France Inter et ils disaient que c’était un portrait de sa mère. Glaçant.
C’est effectivement glaçant et en lisant le roman on comprend mieux les relations difficiles qu’elle avait avec sa mère.
J’avais été un peu plus mitigée sur ce roman, le premier de Nemirovsky que je lisais, mais j’avais comme toi apprécié l’étude psy du personnage et le style, bien sûr.
J’ai beaucoup l’ouverture du roman qui laisse à penser qu’elle est une victime. Le retournement qui suit est très bien amené.
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J’avais dit un peu les mêmes choses que toi à propos de cet effrayant portrait de femme : https://ellettres.wordpress.com/2014/08/15/irene-nemirovsky-jezabel-1935/
Effrayant, c’est vraiment le mot, quelle terrible et implacable personnage.
J’adore cet auteur mais je ne connais pas encore ce titre-ci ! J’essaierai de le lire très vite 😉
Il y a encore tant de romans d’Irène Nemirovsky que je souhaite découvrir. Je n’ai pas été déçue par celui-ci.
J’ai écouté la même émission qu’Estelle et en lisant ton billet, je pensais bien sûr à sa mère ! Je ne l’ai pas lu celui-là.
C’est vraiment un terrible portrait de femme et de mère. En lisant, je n’ai pas pensé qu’il pouvait s’agir de sa mère alors que je connais leurs relations compliquées.
Certainement sa mère, en effet! Irène Némirovsky a vraiment beaucoup de talent quand il s’agit de dresser ainsi des portraits à charge. Une grande puissance dans l’analyse psychologique!
Je te rejoins complètement, l’analyse psychologique est vraiment fine et le portrait est terrifiant.
Je découvre plein de titres de l’auteur aujourd’hui!
C’est vraiment une bonne idée ces rendez-vous autour d’un auteur, cela permet de découvrir plein de romans différents.
Tout à fait le genre de choses qui me plaisent ! Je note !
C’est un livre court mais le personnage central est vraiment très marquant et absolument antipathique.
Je note ce titre, tu m’as affreusement tentée 😀
Merci, c’est un beau compliment !
J’ai tellement aimé cette auteure que pourquoi pas continuer avec celui ci !
J’ai encore beaucoup de titres à découvrir de cette auteure et cela me réjouit de pouvoir encore la découvrir !
J’adore cette auteure! J’avais beaucoup aimé ce roman, mais mon préféré reste Suite Française, une véritable révélation!
J’ai commencé avec « Suite française » lorsqu’il avait reçu le prix Renaudot et j’avais été enchantée par ma lecture. Depuis, je découvre le reste de son oeuvre qui fort différente mais tout aussi exigente.
Je ne connaissais pas ce titre. Voilà encore un personnage très peu sympathique d’Irène Némirosvki. Je le note, car je sens que je vais adorer la détester !
Tu as raison, j’ai adoré la détester ! C’est vraiment un personnage très réussi dont on suit l’évolution. Il est vraiment glaçant.
Oui, c’est le portrait de sa mère, sans nul doute. On sent chez Irène Némirovsky une obsession d’écrire sur sa mère.
La relation complexe entre la mère et la fille explique tout à fait cette obsession et en tant que lecteur nous ne pouvons que nous en réjouir.
J’avais adoré Suite française cet été! Je me suis achetée un roman de l’auteur pour poursuivre ma découverte mais ce n’est pas celui-ci. Je l’achèterai parce que tu en parles très bien et que cela donne envie !