« Tyrannicide » est le titre du roman de Gérard Joyau, œuvre refusée à six reprises par les éditions Gallimard. Excédé par ces multiples rebuffades, l’auteur décide d’écrire une lettre à Philippe Sollers, éditeur chez Gallimard. La lettre est d’une virulence incroyable, critiquant les méthodes expéditives de lecture de la prestigieuse maison d’édition. Car notre auteur se refuse à envoyer son manuscrit ailleurs. Son livre est brillant, génial et il mérite Gallimard. Philippe Sollers n’est lui non plus pas épargné par la verve acide de Gérard Joyau : « Vous, l’écrivain le moins doué de sa génération, la pathétique girouette mondaine, le champion même du ridicule. Vous le faux agitateur des lettres françaises, l’expérimentateur repenti, le subversif en pantoufles… Tâchez de me répondre sincèrement : n’éprouvez-vous pas une certaine gêne de voir vos livres classés entre Shakespeare et Sophocle ? « .
Giulio Minghini s’amuse avec les clichés à travers ce court texte très réjouissant. Il y a tout d’abord celui de l’écrivain du dimanche qui se pense incompris par la grande maison d’édition. Mais au fur et à mesure que le roman nous est décrit, nous comprenons pourquoi il a été refusé ! Personne n’aurait envie de lire une histoire aussi abracadabrante.
Minghini joue également avec le cliché de l’éditeur germano-pratin et l’image véhiculée par Philippe Sollers dans les médias. L’éditeur est présenté comme mondain, arrogant et méprisant pour notre pauvre Gérard Joyau. Ce dernier est en réalité totalement obsédé par P. Sollers qu’il vénérait littéralement. Son refus de l’éditer n’en est que plus cruel, plus humiliant pour notre écrivaillon. Et la lettre prend un ton de plus en plus menaçant et Gérard Joyau semble absolument dérangé ! La fin en est d’ailleurs la preuve, je vous laisse la découvrir, elle vaut le détour.
Cette lettre féroce est un règlement de compte entre deux archétypes : l’écrivain provincial et l’intellectuel parisien. Giulio Minghini signe là un texte surprenant, détonnant et désopilant. Un texte bref que Asphodèle, George et moi-même avons trouvé déroutant au départ mais que nous avons joyeusement analysé ensemble. Un objet littéraire qui ne laisse donc pas indifférent.
Merci à Christelle, Cécile et aux éditions Nil.
Ce livre a eu au moins le mérite de nous faire parler ! Nous n’avons pas d’avis de la presse « spécialisée », à savoir si l’intéressé l’a lue ou la snobe comme il sait le faire… A suivre ! 🙂
Il aura créer de nombreuses discussions et interrogations. Je ne sais pas si nous allons en entendre parler dans les journaux, ça serait intéressant. Peut-être que cela ferait réagir P. Sollers.
Il est tellement infatué ce Sollers, pas sûr qu’il « s’abaisse » à répondre… 😉
Il y a effectivement peu de chance qu’il donne un jour son avis sur ce texte !
Un livre que je vois sur de nombreux blogs, mais le sujet ne me tente pas
Je ne l’aurais probablement pas lu sans l’envoi des éditions Nil mais je ne regrette pas. C’est un livre étonnant et désopilant.
C’est clair que ce texte est intrigant !
Oui très ! Je suis contente de l’avoir lu en tout cas.
Ta critique me donne vraiment envie de lire ce texte! Je vais tenter de le trouver en bibliothèque. Merci!
Merci, j’espère que tu apprécieras l’ironie de Giulio Minghini !
Intrigant, oui, c’est ce que je dirais aussi…
Oui très ! Et très ironique aussi !
Tiens ça a l’air atypique mais pas inintéressant du tout ! Et Philippe Sollers a-t-il donné son avis sur le livre en question ?
Nous ne savons pas si Sollers l’a lu ou non. George a eu l’insigne honneur d’avoir un commentaire laconique du monsieur sur son blog !
« deux archétypes : l’écrivain provincial et l’intellectuel parisien » c’est exactement ça ! deux mondes s’affrontent et entre les deux un mur d’incompréhension !
Deux mondes irréconciliables même ! Ce petit livre nous aura bien fait parler en tout cas !!