A Boston, en 1850, Hester Prynne attend en prison le moment de l’humiliation publique. Elle va être exposée au pilori pendant plusieurs heures. Sa faute : être une femme adultérine et d’avoir eu un enfant de cette liaison. En plus de son exposition publique, elle devra porter à vie un A rouge sur son corsage pour que tout le monde sache ce qu’elle a fait. Hester a cependant échappé à la peine de mort qui est la sentence habituelle pour ce crime. Elle a des circonstances atténuantes. Vivant en Allemagne, c’est son mari qui voulut venir aux États-Unis. Il envoya d’abord sa femme et devait la rejoindre. Mais après plusieurs années à Boston, Hester est toujours seule et tout le monde suppose que son époux a péri en mer. Sa tentation en est plus compréhensible. Hester ne devrait pas être seule sur le pilori mais elle refuse de révéler le nom de son amant, de le déshonorer. Elle affronte, avec son bébé dans les bras, les huées de la foule, les regards méprisants avec dignité. Mais dans les personnes présentes, elle reconnait une silhouette, celle d’un homme âgé et voûté, celle de son mari.
« La lettre écarlate » est un des tous premiers romans de la littérature américaine, une œuvre fondatrice absolument remarquable. Après un prologue (un peu long) où Hawthorne nous parle de son amour pour sa ville de Salem, l’intrigue s’ouvre directement sur la très forte scène du pilori. Tout est déjà en place, tout se noue lors de l’humiliation publique d’Hester. Car elle n’est pas seulement sous le regard de son mari, son amant est également là parmi les notables de la ville. Il s’agit en effet du révérend Dimesdale, respecté de tous pour sa haute moralité. Le roman va ensuite être basé sur la psychologie, les affres intérieurs des trois personnages. Hester s’acharne à porter sa lettre d’infamie, reste à Boston alors que rien ne lui interdirait de partir : « La torture que lui infligerait sa honte quotidienne laverait peut-être à la fin son âme et en remplacerait la pureté perdue par une autre approchant de celle d’une sainte puisqu’elle serait le résultat d’un martyre. » Hester se fond parfaitement dans le puritanisme excessif de Boston. A force d’abnégation, d’humilité, de charité, elle change le regard des autres. Contrairement à ce que laisse augurer l’ouverture du roman, Hester n’est pas celle qui souffre le plus. Le mari excuse la faiblesse de sa femme. C’est un penseur, un philosophe. Mais il est quand même pris au piège de la jalousie et de la curiosité. Il veut savoir qui est l’amant d’Hester et le découvre rapidement. Il devient le médecin du révérend, dès lors une relation extrêmement perverse se développe entre les deux. Le révérend Dimmesdale est rongé par la culpabilité, par sa faute. Il attend la mort et le jugement de Dieu. Mais le médecin lui refuse, il fait tout pour le garder en vie et finalement le torture en le sauvant à tout prix. Cette relation entre les deux hommes est absolument incroyable, c’est une idée romanesque brillante. L’étude psychologique de chaque personnage est très poussée, même celle de Pearl, l’étrange fille d’Hester.
« La lettre écarlate » est un formidable roman psychologique et aussi un témoignage sur les commencements si puritains des États-Unis.
Une lecture commune avec Noctenbule.
Un roman qui m’a beaucoup marquée.
Je comprends, il va me rester en mémoire aussi.
Pingback: La lettre écarlate – Nathaniel Hawthorne | 22h05 rue des Dames
Un magnifique roman que j’ai lu grâce à toi. Donc merci. Ce qui peut paraître étonnant aussi c’est le langage utilisé dans le livre, qui est simple et qui aurait pu paraître très compliqué vu qu’il a été écrit en 1850.
Très belle critique et quelle plume.
Merci beaucoup, je suis contente que tu aies aimé autant que moi. Le style de Hawthorne est très travaillé mais il reste fluide (en tout cas en français). Quand tu veux pour une autre LC !
Un livre d’Italo Calvino?
Pourquoi pas, je ne l’ai jamais lu. « Le baron perché » ? ou est-ce que tu en as un à me conseiller ?
Je suis partante pour Le baron perché. J’avais prévu de le lire. 🙂 On se dit fin mai?
Allez, c’est parti pour « Le baron perché » fin mai ! 😉
J’ai fait un billet pour le challenge et j’ai même crée un logo pour l’occasion. Mon premier 🙂
voici le lien : http://22h05ruedesdames.wordpress.com/2013/04/08/lecture-commune-le-baron-perche/
Je savais bien que ce roman faisait partie de ceux que je devais (et voulais) absolument lire, mais je ne m’étais jamais trop penchée sur l’histoire… Ce billet me fait froid dans le dos et me confirme décidément que je dois découvrir cette lettre écarlate !
L’histoire est incroyablement tragique et parfaitement maîtrisée. La manière de traiter les femmes était terrifiante.
Il faut que je le lise !!!
Oui ! Il faut absolument que tu le lises !
Je suis conquise par ton billet, il faudra que je le lise
Merci, je suis contente de te donner envie de le lire. Je pense qu’il fait partie des livres que l’on oublie jamais, le spersonnages et certaines scènes sont très forts.
Très souvent touché, palpé, senti … mais pas encore acheté! ça sera pour bientôt!!!!
On ne peut pas avoir lu tous les classiques, sinon que nous resterait-il à lire ? Et on tourne parfois longtemps autour de certains d’entre eux. J’espère qu’il te plaira quand tu l’auras acheté.
Encore un classique que je projette de lire depuis fort longtemps. Hum…
Mais un jour viendra où tu auras le temps d’ouvrir « La lettre écarlate » et je pense que tu devrais beaucoup aimé.
Il a tout pour le plaire ce livre! Je le note dans ma liste!
J’ai l’impression que c’est un livre qui fait l’unanimité, je n’ai que des commentaires allant dans mon sens. Je te le conseille donc chaudement !
Hawthorne est un auteur que j’aime énormément. Je ne suis pas surprise que tu aies aimé ce livre. Si tu n’as pas lu ses « Contes et récits », jette-toi dessus, ils sont encore meilleurs je trouve (même si je n’ai pas tout lu).
je sais que tu aimes beaucoup, je me souviens parfaitement de tes billets. Je note « Contes et récits », tu aurais une édition française à me conseiller ?
Je l’ai lu il y a quelques mois, j’avais apprécié ma lecture. C’est un classique à lire! Belle critique en tout cas!
C’est effectivement un grand classique de la littérature américaine et j’ai été enchantée de le découvrir.
Roman lu il y a déjà longtemps (j’étais adolescente !) mais qui m’avait beaucoup marquée (la puissance infâmente du A coussu sur les vêtements d’Hester, je m’en souviens encore !!) … Je le relirais volontiers d’autant plus que j’ai également été charmée par « La Maison aux 7 pignons » du même auteur que j’ai lu cette année …
C’est vrai qu’il y a des scènes très frappantes dans ce livre et le A magnifiquement brodé par Hester en fait partie. C’était mon premier Hawthorne et j’ai maintenant très envie de lire « La maison aux 7 pignons ».
Très beau billet !
Ce roman est dans ma Pal à relire (celle qui se désespère à côté de la Pal nouvelle 😉 ) ! Les éditions « les Belles Lettres » viennent de le rééditer , j’espère que ça donnera à beaucoup l’envie de relire ce texte magnifique.
Merci Somaja, je suis contente de savoir qu’il va être réédité. J’ai déjà du mal avec ma PAL nouvelle alors je n’essaie même pas de me faire une PAl relecture ! Et pourtant j’aimerais relire beaucoup plus.
Je l’avais déjà noté mais là plus de doute, il faut que je le lise !
Je ne peux que te le conseiller chaleureusement, c’est vraiment un grand, grand livre.
Un très beau roman , tu as raison, à la fois témoignage du puritanisme (toujours actuel) aux Etats-Unis et une étude psychologique très fine avec trois personnages remarquables. Quatre car Pearl , la fillette est aussi exceptionnelle. J’adore la manière dont Hawthorne parle d’elle. Je mets un lien dans mon billet vers ton blog.
Oui c’est vrai que Pearl fait complètement partie de l’histoire avec son étrange caractère. Il faut que je découvre le reste de l’oeuvre de Hawthorne car j’ai été vraiment enthousiasmée par « La lettre écarlate ».
j’avais beaucoup aimé ce roman et bien sûr je compte lire les autres romans de Hawthorne (inquiétant, je ne me rappelle plus ce duel psychologique des deux hommes ?!)
Moi aussi je dois découvrir les autres oeuvres de Hawthorne. Oui c’est étonnant que tu aies oublié la relation entre les deux hommes que j’ai trouvée très marquante.