La corniche Kennedy à Marseille est une portion de terre coincée entre la mer et le route. Un petit bout de terrain qui attire les adolescents dès que le soleil et la chaleur se font sentir : « On sait qu’ils vont venir quand le printemps est mûr, tendu, juin donc, juin cru et aérien, pas encore les vacances mais le collège qui s’efface, progressivement surexposé à la lumière, et l’après-midi qui dure, dure, qui mange le soir, propulse tout droit au cœur de la nuit noire. Chaque jour il y en a. Les premiers apparaissent aux heures creuses de l’après-midi, puis c’est le gros de la troupe, après la fin des cours. Ils surgissent par trois, par quatre, par petits groupes, bientôt sont une vingtaine qui soudain forment bande, occupent un périmètre, quelques rochers, un bout de rivage, et viennent prendre leur place parmi les autres bandes établies çà et là sur toute la corniche. » Parmi ces bandes, il y a celle d’Eddy. Ce sont des habitués de la Plate et des sauts vertigineux depuis celle-ci. Ils les appellent les Just do it ou les Face-to-face pour les plus risqués, un moyen comme un autre de rompre l’ennui. Mais l’imprudence de ces jeunes gens dérange la municipalité qui craint l’accident. Le chef de la sécurité du littoral, Sylvestre Opéra, surveille la corniche depuis son bureau. L’été bat son plein, les sauts depuis la Plate se multiplient et le drame se rapproche.
Ce petit roman de Maylis de Kerangal est une réussite. L’auteur a su parfaitement retranscrire l’adolescence et ce moment particulier des vacances d’été. On sent le soleil frapper ces corps juvéniles, l’eau dégouliner sur eux. L’adolescence c’est à la fois la défiance et l’arrogance. Eddy et sa bande se méfient de cette Suzanne qui vient des quartiers riches et veut se mélanger à eux. Il faudra qu’elle prouve sa valeur en sautant comme les autres du haut de la corniche. La bande a ses codes, ses rituels. Les adolescents paradent, s’exhibent devant la police et vont même jusqu’à la défier. C’est l’âge du frisson, de l’insolence.
Malgré la taille du roman, Maylis de Kerangal arrive à donner de l’épaisseur, de la chair à ses personnages. C’est le cas de Sylvestre Opéra qui est pétri de mélancolie, de regrets et de failles. Quand sa route croise celle de la bande d’Eddy, le rythme du roman s’accélère. L’écriture de l’auteur nous entraîne, crée un véritable suspense. L’ambiance de Marseille est rendue par des dialogues gouailleurs intégrés au récit, à la langue imagée et poétique de l’auteur.
« Corniche Kennedy » est un beau roman sur l’adolescence rendue par une écriture maîtrisée et rythmée.
Pour vous faire partager le Prix Campus des éditions Folio, je vous propose d’en gagner un exemplaire en répondant à la question suivante :
–Quel prix Maylis de Kerangal a-t-elle gagné en 2010 et pour quel roman ?
Vous pouvez m’envoyer vos réponses à cette adresse : leprixcampus@yahoo.fr
Encore une lecture qui pourrait me plaire. Merci
Alors n’hésite pas à m’envoyer ta réponse sur le mail, je serai enchantée de pouvoir partager cette lecture avec toi.
L’histoire me tente beaucoup, mais l’extrait que tu mets me fait douter. Le style a l’air très particulier, non ?
Maylis de Kerangal travaille beaucoup son style et je dois dire que ça me plaît beaucoup. Je n’ai pas été gênée par son style. Si tu veux, je pourrais te le prêter et tu pourras ainsi te rendre compte par toi-même.