Charles James Harrington Fitzroy Yellowplush est valet de pied de son état. Après avoir servi brièvement un gentleman au métier douteux, il se retrouve aux ordres de l’Honorable Algernon Percy Deuceace. Ce jeune aristocrate est bien entendu désargenté. Sa haute respectabilité l’empêchant de travailler, Algernon va plutôt utiliser la rouerie pour renflouer ses caisses. C’est ainsi que le jeune Dawkins, voisin de Deuceace, se retrouve totalement plumé au jeu de cartes. Notre jeune aristocrate, ayant fait le coup avec un autre mais n’ayant aucune intention de partager, se réfugie en France. Loin de ses dettes et de la justice, Algernon profite très agréablement de la vie. Il rencontre une jeune veuve et sa belle-fille riches à millions. Algernon souhaite assurer sa fortune par le mariage. Mais à laquelle des deux femmes bénéficie le testament de feu le mari ?
L’ouverture de ce court roman de William Makepeace Thackeray donne le ton : « Les mémoires sont à la mode. Pourquoi donc n’écrirais-je pas les miens ? Je possède toutes les qualités requises pour réussir dans ce genre de littérature : une haute opinion de mon propre mérite et une bonne envie de médire de mon prochain. » C’est donc avec beaucoup d’ironie que Thackeray critique la haute société anglaise. Algernon est totalement désargenté mais il veut continuer à tenir son rang. Mieux vaut la tricherie, le vol, le mensonge que de s’abaisser à travailler. Son valet participe à ses nombreux forfaits et s’en délecte.
Mais le cynisme d’Algernon n’est rien à côté de celui de son père. Il faut croire que la tromperie et la ruse sont transmissibles génétiquement chez les aristocrates anglais. Et à la fin des « Mémoires d’un valet de pied », ce n’est pas la vertu qui triomphe loin de là ! Ce sont le vice, la cupidité et la perversité absolue. Et le valet ne vaut pas mieux que ses maîtres. Il espionne, trompe les huissiers et s’offre au plus offrant sans remords ni morale.
« Mémoires d’un valet de pied » est d’un cynisme réjouissant. La plume acérée de Thackeray est extrêmement drôle. Je me suis régalée de l’amoralité de tous les personnages. Je ne résiste pas à un dernier exemple des traits d’esprit de l’auteur : « Milady, veuve de deux années de date, était grande, blonde, rose et potelée. Elle avait l’air si froid, qu’on craignait presque de la regarder une seconde fois de peur de s’enrhumer (…). »
Je vais peut-être me laisser tenter ! Cela fait longtemps que j’ai envie de découvrir l’oeuvre de Thackeray, mais je n’ai jamais eu le courage de me plonger dans Vanity Fair (un pavé). Celui-ci a l’air court, ce qui n’est pas plus mal pour moi en ce moment.
J’adore la citation ! Il me faut celui-là, surtout que je n’ai encore rien lu de Tackeray :-(… Jette-moi une grosse pierre !
@Miss Léo : Je suis un peu comme toi, j’ai commencé par découvrir Thackeray à travers de courts récits car « La foire aux vanités » est imposante ! Avant d’attaquer cet Everest de la littérature anglaise, je peux encore lire « Mémoires de Barry Lyndon » ! C’est toujours le temps qui nous manque car je peurs d’envie de lire « La foire aux vanités ».
@Maggie : Loin de moi l’idée de te jeter la pierre, je n’ai moi même pas lu tous les auteurs victoriens, loin de là ! Tu peux commencer à lire Thackeray avec ce petit livre très ironique. Il y a aussi « Le grand diamant des Hoggarty » qui est copurt également mais moins réussi que celui-ci.
Tu penses bien que je l’ai lu, il y a un bout! réjouissant, oui!
@Keisha : Tu lis toujours les romans de qualité ! Très réjouissant, très cynique donc excellent !!!
Que ça a l’air bon … Je le note tout de suite.
Thackeray est un auteur tellement méchant et plein d’esprit !
@Céline : Un petit livre plein d’ironie comme on aime ! L’esprit de Thackeray est délectable. As-tu lu « La foire aux vanités » ?
Il faudrait que je reprenne ma découverte de Thackeray, j’adore son cynisme !
@Lilly : J’ai commencé ma découverte avec des oeuvres mineures car je veux avoir du temps pour bien profiter de « La foire aux vanités ». Je suis comme toi, son cynisme m’enchante !