Dans sa Dodge Coronet, Dwayne Koster observe son ex-femme chez elle. Il a passé vingt ans avec elle et s’est fait mettre à la porte lorsqu’elle a découvert que Dwayne la trompait avec une jeune serveuse nommée Millie. « C’est un point très important du roman américain, l’adultère. C’est même une obsession du roman américain, que le mari ou la femme, même après le divorce, ait une histoire avec quelqu’un d’autre, et si possible alors, avec la personne que l’autre déteste le plus. » Et Dwayne va comprendre rapidement cette règle du roman américain puisque son ex-femme a une relation avec un ancien collègue qu’il détestait. Un spécialiste de la beat generation alors que Dwayne était une référence sur « Moby Dick » à l’université du Michigan. Melville est beaucoup moins glamour que Kerouac… Depuis que sa femme l’a quitté, la vie de Dwayne part à vau-l’eau. Il passe son temps dans sa Dodge à écouter Jim Sullivan, un chanteur disparu mystérieusement dans le désert du Nouveau Mexique.
« La disparition de Jim Sullivan » est un roman très malicieux. Il s’agit du making of de l’écriture d’un roman américain par un auteur français. Il joue donc avec les clichés inhérents à la littérature américaine et surtout avec notre imaginaire de lecteur. Tanguy Viel mêle de nombreuses thématiques : le campus novel, le thriller, le roman noir, les grands espaces, les villes gigantesques, le FBI, le barbecue dans le jardin, les OVNI, les voitures, le 11 septembre et l’Irak. Tout un imaginaire véhiculé aussi bien par la littérature que par les séries ou le cinéma, Tanguy Viel utilise d’ailleurs un langage très cinématographique pour décrire ses scènes. Le narrateur de « La disparition de Jim Sullivan » souhaite écrire un roman international, un roman pouvant intéresser le reste du monde même s’il se situe au fin fond du Montana. « Je ne dis pas que tous les romans internationaux sont des romans américains. Je dis seulement que jamais dans un roman international, le personnage principal n’habiterait au pied de la cathédrale de Chartes. » Tanguy Viel se moque de notre fascination pour la culture américaine qui nous a totalement envahis et phagocytés. Mais l’auteur est très malin, il ne se contente pas de nous raconter la genèse d’un roman, il en écrit vraiment un. « La disparition de Jim Sullivan » est bel et bien l’histoire de Dwayne Koster, professeur à la dérive depuis son divorce. On finit par véritablement s’intéresser à sa vie et à ses péripéties. Et finalement Tanguy Viel a réussi à écrire son roman américain !
Tanguy Viel aime jouer avec les codes d’un genre comme il l’avait fait avec le roman noir dans « L’absolue perfection du crime » que je vous recommande chaudement. Ici il s’amuse avec le roman américain avec beaucoup de dérision et de malice. J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce nouveau roman de Tanguy Viel et je m’y suis beaucoup amusé.
Un roman qui m’attire… et une occasion d’aborder (enfin!) cet auteur autour duquel je tourne depuis quelques années sans oser faire le premier pas.
Il faut te lancer, Tanguy Viel est un auteur que j’apprécie énormément. Comme je le disais dans mon billet, « L’absolue perfection du crime » est mon préféré.
J’vais beaucoup aimé « L’absolue perfection du crime », lu il y a environ dix ans. Du coup, celui-ci me tente bien aussi, encore plus après avoir lu ton billet !
Si tu as aimé « L’absolue perfection du crime », tu aimeras celui-ci, c’est certain !
un auteur dont j’ai vaguement entendu le nom..; à suivre donc! 🙂
Cela fait un moment qu’il publie chez Minuit et j’aime beaucoup son univers.
Un joli plaisir de lecture, tu penses bien!
Je suis bien d’accord avec toi comme souvent !
J’ai acheté un t. viel mais toujours pas lu ! Il faut vraiment que je connaisse cet auteur et j’espère que la magie va opérer !
J’espère aussi que tu vas aimer car c’est un auteur chouchou pour moi (oui tu es obligée d’aimer les mêmes auteurs que moi !!!).
J’ai beaucoup aimé aussi 🙂
J’ai lu ton billet qui m’a fait plaisir puisque j’apprécie beaucoup le travail de cet auteur.
Pingback: Les lectures du mois de novembre | 22h05 rue des Dames
Pingback: La disparition de Jim Sullivan – Tanguy Viel | 22h05 rue des Dames
Un livre « jubilatoire »
J’aurais pu également utiliser ce qualificatif, un vrai plaisir de lecture !
Je ne connais pas l’auteur, mais je note sans hésiter !
J’espère que tu aimeras si tu le lis et que tu t’amuseras autant que moi.
Toujours pas lu Tanguy Viel, ce qui est impardonnable car il est de ma région.
Tu es Brestoise ? Tu devrais lire son livre intitulé « Paris-Brest ».
Je n’ai jamais lu Viel mais mon père le lit régulièrement, je lui recommanderai ce titre-là qui, ma foi, me tente beaucoup après avoir lu ton billet. Cette construction du roman américain vu de l’extérieur ne doit pas manquer de piquant !
Ton père a très bon goût ! Tu peux lui conseiller ce nouveau Viel les yeux fermés. Et après, tu pourras lui emprunter ! 😉
Figure toi qu’en sortant d’un de mes rdv de préparation spécial lutin je suis entrée lundi dans une petite librairie à Alesia dont j’avais lu le plus grand bien sur le Net. Je voulais me procurer le dernier Anne Perry de Noël comme le veut la tradition et quand j’ai vu celui-ci, l’ai feuilleté et vu qu’il faisait aussi partie des coups de coeur de la libraire (qui est passionnée par son métier), j’ai craqué en me disant qu’en effet ce serait une double lecture familiale. Quant à cette librairie je suis conquise !
Il faudra que tu me donnes l’adresse de cette librairie à Alesia, elle a l’air fort sympathique ! J’espère que toi et ton père allez passer un aussi agréable moment que moi. Tu me diras.
Pingback: L’ensemble de toutes les lectures par auteurs | 22h05 rue des Dames