Aide-moi si tu peux de Jérôme Attal

Attal

Après avoir opéré sous couverture pour faire tomber la secte du Souterrain stellaire, le capitaine Stéphane Caglia est de retour à Paris à la brigade criminelle. Le chef Brousmiche lui assigne une partenaire anglaise dans le cadre d’un échange européen : Prudence Sparks. Tous deux se rencontrent sur une scène de crime à Puteaux. Un homme, au caleçon mal ajusté, a été étranglé avec la corde de ré de sa guitare. Et dans son freezer se trouve la tête coupée d’une adolescente. L’arme du crime, peu banale, aiguille Caglia et Sparks vers la passion du mort : les Beatles. Vers quoi et qui cette piste va-t-elle les mener ? Et qui est la jeune fille sans corps dans le freezer ? Et surtout pourquoi Stéphane Caglia a-t-il « Boule de flipper » de Corynne Charby en sonnerie de téléphone portable ?

Je n’avais jamais lu Jérôme Attal et j’ai découvert un auteur à l’imagination débordante et protéiforme puisqu’il est également auteur-compositeur-interprète, acteur et scénariste. Il invente pour « Aide-moi si tu peux » un policier décalé, délicieusement farfelu qui rêve de coller des amendes à toute personne coupable d’incivilité ou d’impolitesse (ça tombe bien, j’aimerais également pouvoir verbaliser les cyclistes qui ne respectent pas les feux tricolores et les personnes qui ne disent pas merci lorsqu’on leur tient la porte). Stéphane Caglia a également une autre particularité étonnante : il revit en permanence les années 80 de son enfance. « Ce n’étaient pas de moches années quand on y pense, avec l’arrivée de tous ces gadgets comme les consoles de jeux vidéo, les magnétoscopes et les montres calculatrices. Et puis le porte-monnaie arrivait à peu près à suivre, pas comme maintenant. Niveau musique aussi, on avait de la variété dès qu’on allumait la radio ou la télévision. Aujourd’hui, tout me paraît déprimant, sans spontanéité, défini par avance. » C’est pourquoi Caglia boit du malibu, porte des tee-shirts Albator, joue « Je te donne » lorsqu’il croise une guitare et cite des films comme « La chèvre », « Les ripoux » ou « Les superflics à Miami ». Au grand désespoir de son binôme qui ne comprend pas le quart de ce qu’il raconte. Heureusement les Beatles sauront les réunir.

Mais l’enquête de Stéphane Caglia n’est qu’un prétexte, le suspens est d’ailleurs très diffus et c’est l’humour et la fantaisie qui dominent. Néanmoins, sous le rire affleure une profonde et véritable nostalgie pour l’enfance (un clin d’œil à Marcel Proust n’est pas là par hasard). « Puisque à ma connaissance, aucune sensation ne surclasse celle laissée par l’arôme des souvenirs ». Jérôme Attal rend un hommage aux années 80, années de sa jeunesse, s’y blottit et s’y réconforte. Il chérit cette époque, ses moments d’insouciance, de bonheurs simples où ses parents étaient encore en vie et veillaient sur lui. L’auteur parsème son roman de douces et poétiques phrases nous rappelant l’importance des souvenirs. Ses moments de soudaine gravité m’ont beaucoup touchée.

Il faut savoir lire entre les lignes lorsque l’on ouvre « Aide-moi si tu peux » et savoir entendre la mélancolie de son auteur. L’intrigue policière est correctement menée, même si elle aurait pu se passer du Souterrain stellaire qui à mon sens ne lui apporte rien. En compagnie de Jérôme Attal, on sourit, on retrouve ses propres souvenirs d’enfance et on est ému.

19 réflexions sur “Aide-moi si tu peux de Jérôme Attal

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    • Oui, c’est une manière élégante pour dire qu’une partie de son anatomie dépasse !!! Je suis également bien contente de l’avoir choisi.

  2. J’ai eu du mal, surtout au début et les références détaillées aux années 80 m’ont agacée ! Sinon oui pour l’humour et la mélancolie mais sans plus. Je fais mon billet cette semaine (il est déjà dans Brouillons en fait^^)… Je ne suis pas complètement séduite… Keisha devait l’être davantage ! 😉

    • Les références aux années 80 m’ont beaucoup amusé, j’ai même redécouvert des choses enfouies dans ma mémoire ! J’attends ton billet Asphodèle ! J’avoue que les dernières phrases du livre ont fait basculer mon avis dans le très positif étant moi même nostalgique de mon enfance.

    • Oui, nous avons un ressenti très proche toi et moi sur ce roman. Je ne marquerai pas de te raconter notre rencontre avec Jérôme Attal, je sens que ça va être extrêmement sympa !

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  4. J’ai beaucoup aimé aussi, il m’a rappelé mon enfance, et m’a vraiment touchée avec cette nostalgie des disparus qui me fait si peur (ayant encore mes parents, ouf…)….

    • Je suis exactement comme toi et j’ai apprécié les mêmes choses dans ce roman. Et j’ai aussi grand peur de la disparition de mes parents, c’est pourquoi ce livre me touche autant.

  5. Bon bon bon, ça a l’air quand même bien barré non ?
    Alors j’étais sûre d’avoir commenté ce billet (et je venais voir ta réponse), mais soit mon comm a disparu, soit tu m’as blacklistée, soit j’ai confondu.
    Bref, on le voit partout Jérôme Attal, et j’ai bien envie de le découvrir, mais je crains vraiment qu’il soit allé très loin dans le loufoque, trop pour la psychorigide que je suis, même si bon clairement les années 80 c’est notre enfance. Je suis un peu refroidie par la tête décapitée dans le frigo tu vois, mais je peux aller au delà de cela en faisant un effort…Elles sont touchantes tes réponses aux commentaires.
    Je le note Titine

    • Soit tu avais pris l’apéro avant de venir faire un tour sur mon blog…
      C’est gentiment barré, ça ne part quand même dans tous les sens. Le personnage est atypique et assez loufoque dans sa manière d’appréhender une enquête policière. Mais je trouve que ça reste tout à fait raisonnable.

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